11 mars 2012
7
11
/03
/mars
/2012
15:56
"Arts martiaux"? Martial arts?
Arts de Mars, dieu de la guerre? Et tout le cortège de fantasmes?
Pas ce vieux soudard fatigué selon Vélazquez?
Mars commença par être une divinité agricole romaine gouvernant et représentant l'abondance des champs. Le mot vient de l'étrusque Maris,
dieu de la fertilité et de la végétation, protecteur des troupeaux, des champs et des fermiers.
D'ailleurs, c'est sur les conseils de la déesse Flora que Junon conçoit seule ce fils sans père au moyen d'une plante. (Junon se
venge de Jupiter qui a conçu Minerve sans elle et ainsi rétablit l'équilibre du monde).
L'empereur Hadrien, guerrier
et pacificateur, sous les traits de Mars, vigilant mais paisible dans une pose grecque classique, immobile mais prêt à bouger, dans cet entre-deux états caractéristique.
Lorsque Rome n'était encore qu'une bourgade étrusque puante sur la
route du port, Mars fut le dieu des hommes de la terre. Parfois, ces hommes au printemps prenaient leur équipement militaire lorsque le temps permettait de se battre et conquérir, d'où les deux
festivals majeurs des mois de Mars et d'octobre qui délimitaient la saison guerrière (les dates de navigation sur la mare nostrum, grosso modo).
Mars, père légendaire de Romulus, synthétise les deux aspects de la Rome initiale, paysanne et guerrière, récoltante et conquérante.
(On lira avec bonheur le livre miraculeux de Mika Waltari, l'Etrusque).
Plus Rome se lançait dans la conquête, plus il fut associé avec la guerre jusqu'à s'identifier avec le grec Arès, même si les Grecs se
méfiaient de ce dieu incontrôlable, sauvage.
Seul Jupiter Capitolin avait plus d'importance que lui.
Comme Neptune avait pour attribut le trident ou Jupiter la foudre, outre le bouclier, Mars maniait la lance, ce qui constitue un écho assez frappant avec l'Aikido.
Les représentations modernes perpétuent cette conception militaire et son iconographie (Merci Kiaz):
Mars est certes un guerrier (et très militaire) mais le Champ de Mars, son symbole inscrit au coeur de la Ville, n'est
pas univoque puisqu'il est supposé avoir été dédié par Numa Pomipilus lui-même, le second roi légendaire de Rome, législateur, administrateur et amoureux de la paix.
Ainsi Mars est aussi un principe de paix et de régulation, bien loin de la fureur aveugle d'Arès, pouvoir militaire certes mais aussi force protectrice, père de la Ville au sens le plus
concret. Par sa romance avec Venus, il synthétise deux aspects de Rome.
Roma, amor.
Plus macho, impossible....
En bonne logique patriarcale romaine, Mars est ainsi un dieu agricole qui, grâce à sa force de vie, sa
virilité (vir, vis) préside aux énergies de croissance, crée les conditions de la croissance, fut-ce au besoin par la guerre au sens où elle permet la paix.
Pax Romana.
La part de sauvagerie de Mars est indéniable et il s'apparente aussi aux lieux sauvages, inconnus des hommes, une force dont il faut s'attirer les bonnes grâces.
La terre, la lance, l'agriculture, le principe organisateur, nous sommes très proches d'Ueshiba sensei.
Bien loin en revanche du fantasme du guerrier, de l'expert, du tueur. Mars est bien plus que cela.
Mars Exulti
.